Opéra Multimédia
Sophie Charrier
" Opéra Multimédia "
Pour un Théâtre Poétique Numérique
2002
Un ballet d’images fixes et animées, de mots, de silence et de lumière, s’auto-organise dans un rythme fractal déjouant la linéarité de la fable et lui donnant ainsi une saveur inattendue… Du Big Bang à la civilisation post–industrielle, des palpitations telluriques à la naissance des organismes vivants, de l’homme à la machine, une cantillation en deux langues, français et anglais, complexe de voix robotiques et humaines.
A ballet of still and moving images, of words, silence and light, organizes itself in a fractal rhythm, outsmarting the linearity of the fable, giving it an unexpected flavor. From the Big Bang to the post-industrial civilization, from the telluric palpitations to the birth of living organisms, from man to the machine, a cantillation in two languages, french and english, a complex of robotic and human voices.
" L’idée de l’art de la scène commence aussi avec la transformation intérieure de l’homme spectateur, alpha et oméga des conditions de tout acte artistique qui, même dans sa réalisation, est condamné à rester une utopie aussi longtemps qu’il ne rencontrera pas la disponibilité intellectuelle. "
Oskar Schlemmer, Théâtre et Abstraction
" Opéra Multimédia ", maquette, Paris 2002
© Archives Sophie Charrier 2002 All Rights Reserved
" Opéra Multimédia ", maquette, Paris 2002
© Archives Sophie Charrier 2002 All Rights Reserved
" Opéra Multimédia ", maquette, Paris 2002
© Archives Sophie Charrier 2002 All Rights Reserved
L’Hypermonde
Article de Jean-Paul Bois, co-directeur du Club de l’Hypermonde
Paris, juin 1996.
Sophie Charrier, artiste du monde virtuel.
Elle a d'abord été comédienne, puis metteur en scène, professeur d'art dramatique. Puis, choquée par le rapport narcissique des acteurs avec la mise en scène aux dépens de la participation à un ensemble, elle a cherchée d'autres voies.
Elle fait un parcours sur l'histoire du théâtre optique. La lanterne de Kirchner. Travaux sur les rapports cinéma-théâtre. Elle rencontre à Prague Joseph Svoboda, qui reprend la piste du cinéma-théâtre optique dans les années 50. Lanterna Magica. Un maître.
Sa recherche la fait plonger dans la perspective et dans une théâtralité spécifique à partir du masque. La marionnette. Dessins, écriture. Bilinguisme français-anglais. Le génie propre de chaque langue. Ce travail s'avère parfaitement adapté aux nouvelles technologies.
Plusieurs propositions sont prêtes. Un opéra virtuel, pour l'instant préparé à la main. Un budget de 350 000 frs envisagé dans le cadre du Métafort d'Aubervilliers.
Le rapport de l'humain face à sa propre robotisation. Hypermasques. Univers sonore bilingue. Voix robotiques, voix humaines. Inspiration orientale. Objets marionnettes sans morphologie humaine. Le mythe du Golem. Une grande fable qui part du Big Bang pour aboutir aux technologies modernes.
Jean-Paul Bois
Lors de nos rencontres à Paris et à Prague de 1992 à 1994, le grand scénographe tchèque Josef Svoboda a compris et reconnu comme nul autre l’originalité et l’aventure pionnière de ma recherche. Il la situait dans la filiation du Bauhaus, d’Oskar Schlemmer et de lui-même, et pensait qu’elle était une voie vers un théâtre de l’avenir. La France devait lui donner toute sa place, ajoutait-il, et il le ferait savoir. Ce qu’il fit auprès des instances culturelles de l’époque… mais il n’y eut quasiment aucune répercussion.
Une grande affinité artistique nous reliait. Il savait mon immense admiration pour toute son œuvre scénographique et ressentait dans mon travail une continuité et une nouveauté dans cette recherche d’un espace scénique où forme, lumière et mouvement se métamorphosent selon l’action dramatique et orchestrent une dynamique.
Mes travaux infographiques par leurs effets optiques et cinétiques l’enthousiasmèrent, lui rappelant aussi ses débuts avant-garde et ses concepts de polyeckran et de diapolyekran. Il aurait tellement aimé découvrir ces nouveaux outils, mais la Tchéquie était alors en retard.
Chez lui, dans sa merveilleuse maison construite de ses mains sur les collines de Prague surplombant la Vlatva, il me raconta longuement la terrible occupation allemande en 1939, les débuts de la Laterna Magika, puis l’arrivée des Russes en 1968 et sa grande difficulté à continuer une recherche expérimentale librement à cause d’une censure implacable. Mais il n’avait pas voulu s’exiler.
Nous promenant dans son jardin, il me fit découvrir fleurs et arbres, sources de ses méditations, de ses inspirations et de son calme, soignés par lui avec tant de ferveur. Quel havre de paix pour œuvrer !
De ce grand scénographe, innovateur prolifique extrêmement modeste, je garde précieusement en moi ces moments intenses et uniques. Ils furent un trésor d’échanges dans cette quête essentielle d’un renouveau de l’art théâtral, et la si belle reconnaissance que Josef Svoboda a eue pour mon travail continue de résonner dans mon âme d'artiste ...
Sophie Charrier
english version
During our meetings in Paris and Praha from 1992 to 1994, the great Czech scenographer Josef Svoboda understood and recognized like no other the originality and the pioneering adventure of my research. He situated it in the filiation of the Bauhaus, Oskar Schlemmer and himself and thought that it was a way to a theater of the future. France had to give it all its place, he added, and he would let it be known.What he did nearby the cultural authorities of the time ... but there were almost no repercussion.
A great artistic affinity linked us. He knew my immense admiration for all his scenographies and felt in my work a continuity and a novelty in this search for a scenic space where form, light and movement metamorphose according to the dramatic action and orchestrate a dynamic.
My works computer graphics by their optical and kinetic effects enthused him, also reminding him of his avant-garde beginnings and his concepts of polyeckran and diapolyekran. He would have liked to discover these new tools so much, but the Czech Republic was then late.
At home, in his wonderful house built with his hands on the hills of Praha overlooking the Vlatva, he told me at length about the terrible German occupation in 1939, the beginnings of Laterna Magika, then the arrival of the Russians in 1968 and its great difficulty to continue an experimental research freely because of relentless censorship. But he had not wanted to go into exile.
Walking through his garden, he made me discover flowers and trees, sources of his meditations, his inspirations and his calmness, cared for with so much fervor by him. What a haven of peace to work!
From this great scenographer, prolific innovator extremely modest, I preciously keep in me these intense and unique moments. They were a treasure of exchanges in this essential quest for a renewal of theatrical art and the so beautiful recognition that Josef Svoboda have had for my work continues to resonate in my artist soul …
Sophie Charrier