Moby Dick

Sophie Charrier

" Moby Dick "

d'après le roman de Herman Melville

Adaptation, conception scénographique, mise en scène et production

Sophie Charrier


Ishmael, marin auteur, prend la mer et la plume pour ne pas se donner la mort et nous entraîne dans l’épopée Moby Dick ou la chasse à la baleine blanche. Un baleinier, microsome du monde, gouverné par Achab désireux de capturer le mystère du grand Léviathan, lutte, dérive et plonge dans l’abîme… Seul le narrateur survit.

The epic Moby Dick or the hunt of the white whale. A whaler, microcosm of the world, governed by Achab anxious to capture the mystery of the great Leviathan, fights, drifts and sinks into the abyss... Only outlives the narrator.

Un ensemble de cordages et de drisses manipulé par les acteurs se métamorphose tout au long de la pièce. Les acteurs deviennent des marins-marionnettistes, responsables du déroulement des symboles scéniques en mouvement de baleinière, en squelette de baleine…

An ensemble of halyards handled by the actors represents the activity of the boat in metamorphosis during all the play. The sailors-puppeteers are in charge of the progress of the scenic symbols in movement from whaleboat to whale skeleton.

" MOBY DICK " au Théâtre du Quai de la Gare, Paris, 1984 © Archives Sophie Charrier. All Rights Reserved.

" MOBY DICK " au Théâtre du Quai de la Gare, Paris, 1984

© Archives Sophie Charrier. All Rights Reserved

" MOBY DICK " au Théâtre du Quai de la Gare, Paris, 1984

© Archives Sophie Charrier. All Rights Reserved

Journal " Le Monde " - Culture, 16 mai 1984

Article de Mathilde La Bardonnie


" MOBY DICK "

AU QUAI DE LA GARE

Le baleinier imaginaire


Le théâtre du Quai de la Gare n'est guère connu que par les gens du jazz qui ont là des studios de répétition, de vagues locaux récupérés dans des entrepôts abandonnés bordant une voie désaffectée de la SNCF. Là, dans une salle rafistolée, au fond d'une cour pavée surplombée d'une espèce de manoir, on peut assister en ce moment aux navigations obstinées d'Ishmael, de Pip, Starbuck, Daggo et les autres commandés par ce capitaine Achab qui voulait capturer Moby Dick, la chimère blanche.

Ils sont dix comédiens, jeunes, à s'être embarqués dans le roman d'Herman Melville, un bâtiment de cinq cents pages. Ils ont mis les voiles à bord du baleinier imaginaire comme on s'élance à nouveau dans un songe d'adolescence familier et ancien. Du théâtre de haute mer, quand rien n'a vraiment plus d'importance, ni la faim, ni le sommeil, ni les vagues, ni la nostalgie de la terre ferme. Les matelots manoeuvrent, se déplacent avec grace, évitant les faux mouvements. Au bout de l'expédition, le spectateur a envie de lire et de relire Melville. Car sa musique est là, et son rythme aussi, respecté par le découpage.

Pour tout décor, un parquet, un échafaudage et, comme autant de bouts diaboliques, une quantité de cordages ( le mot " corde " on ne doit le prononcer ni sur un bateau ni sur un plateau ). Il y a aussi une échelle mais pas de mât. Pour le roulis on fait comme si. Les circuits électriques ayant flanché, l'éclairage se réduit à quelques projecteurs actionnés manuellement. Du théâtre à jeter les chaloupes à la mer. Et pourtant aucune détresse. Le metteur en scène Sophie Charrier ne panique pas. Elle n'est pas dépouvue d'idées, ni dénuée d'envie et elle saura suivre d'autres cachalots...


Mathilde La Bardonnie